Au sommaire :
- La réédition de “Tintin au Congo” inclut une préface contextualisant l’œuvre dans son époque coloniale, suscitant un débat sur la représentation et le racisme.
- Des experts et critiques se divisent sur l’efficacité de la préface à atténuer les critiques de racisme et de paternalisme associées à l’album original.
- La réédition soulève des questions plus larges sur le traitement des œuvres historiques controversées dans le contexte des valeurs et sensibilités modernes.
Tintin, le célèbre reporter à la houppette, fait de nouveau parler de lui, mais cette fois-ci, c’est son aventure au cœur de l’Afrique qui suscite l’intérêt. La réédition de “Tintin au Congo” s’accompagne d’une préface inédite, plongeant l’œuvre controversée d’Hergé dans le bain de son époque coloniale. Entre les lignes de cette nouvelle édition, se dessine un débat sur la représentation et la contextualisation des œuvres du passé.
Tintin au Congo, une œuvre dans son temps
Publiée initialement dans les années 1930, “Tintin au Congo” a longtemps été au cœur de polémiques pour son traitement caricatural et colonialiste de l’Afrique. La réédition de 2023, enrichie d’une préface rédigée par Philippe Goddin, spécialiste d’Hergé, vise à replacer l’album dans le contexte de son époque. Cette initiative, bien que saluée par certains, ne manque pas de soulever des questions. Est-ce suffisant pour atténuer les critiques de racisme et de paternalisme qui ont longtemps entaché l’image de cette aventure ?
La préface, un pont entre passé et présent
La préface de quinze pages est un élément clé de cette réédition. Goddin y décrit Hergé comme un artiste de son temps, absorbant et reflétant les préjugés de l’époque coloniale. Cette perspective, tout en n’exonérant pas totalement Hergé, offre un regard nuancé sur l’œuvre. Cependant, des voix comme celle de Pascal Blanchard, historien spécialisé dans la propagande coloniale, restent critiques. Blanchard aurait préféré une approche plus diversifiée, incluant peut-être la perspective d’un historien africain.
Controverses et réactions
La réédition de “Tintin au Congo” ne laisse personne indifférent. D’un côté, des critiques louent l’effort de contextualisation, de l’autre, certains estiment que cela ne suffit pas à excuser les stéréotypes raciaux et le discours colonialiste de l’album. La question se pose : comment traiter les œuvres du passé qui, bien que produits de leur temps, entrent en conflit avec les valeurs contemporaines ? La réponse n’est pas simple, mais la démarche entreprise par les éditions Moulinsart et Casterman ouvre un débat nécessaire sur notre rapport aux œuvres historiques.
Ils vont changer la couverture de Tintin au Congo et mettre une "préface contextuelle" dans la réédition de l'album.
Je le répète et le répéterai encore, cette société de maniérés déconstruits, d'indignés chroniques, de pudibonds mollasses est un asile insupportable. pic.twitter.com/Q7VUyX6ueK
— Alexandre Page (auteur) (@page_alexandre) December 12, 2023
La réédition de “Tintin au Congo” avec sa préface explicative est un pas vers une meilleure compréhension des œuvres du passé. Elle invite à une réflexion sur la manière dont nous, en tant que société, choisissons de traiter notre héritage culturel. Entre respect de l’histoire et sensibilité moderne, la balance est délicate. Mais une chose est sûre : Tintin continue de nous faire voyager, non seulement à travers le monde, mais aussi à travers le temps et les complexités de notre histoire.