Le film documentaire “Vjeran Tomic : L’homme-araignée de Paris” de Netflix fait la lumière sur l’incident notoire et très médiatisé du vol de cinq tableaux au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2010. Cette affaire a attiré l’attention des médias pendant cette période, et Vjeran Tomic est resté un personnage très intriguant au fil des ans. Le documentaire comprend une interview exclusive du cambrioleur lui-même, ce qui permet aux téléspectateurs de se plonger dans son histoire personnelle. Si vous souhaitez en savoir plus sur son parcours, Carbone vous propose d’en découvrir les moindres détails.
La vie de Vjeran Tomic
Né à Paris en 1968 de parents d’origine bosniaque et croate, Tomic a connu une enfance singulière. Les problèmes de santé de sa mère à la suite d’un accident de voiture l’ont amené à déménager en Bosnie pour vivre avec ses grands-parents alors qu’il n’avait qu’un an. Etonnamment, le penchant de Tomic pour le vol semble avoir été ancré en lui dès son plus jeune âge. À l’âge de 8 ans, il est entré dans une bibliothèque et a volé deux livres anciens, datant de plusieurs siècles, avant de les rendre. Néanmoins, il n’a jamais considéré ses actes avec un sentiment de gravité ou de dérangement. Il retourne à Paris à l’âge de 11 ans.
Une vie difficile à Paris
La vie à Paris est loin d’être facile pour Tomic. La discorde et la négligence constantes de ses parents l’ont laissé à la dérive sur le plan émotionnel. Les violences physiques de son père ne font qu’exacerber la situation, donnant à Tomic le sentiment qu’il doit se débrouiller seul. Son père n’a pas non plus tenu compte de l’intérêt qu’il portait à la peinture à l’adolescence. Cet environnement difficile a ouvert la voie à ce que certains pourraient qualifier de vie de délinquant. Il avait déjà commencé à crocheter des serrures et à s’introduire chez les gens pour voler. Il dit avoir volé des personnalités parisiennes, dont le chanteur franco-caribéen Henri Salvador et la famille royale égyptienne. À l’âge de 18 ans, il s’est engagé dans l’armée et c’est là qu’il a appris à escalader les murs avec facilité.
Retour à la criminalité
À la fin de son service militaire, il reprend une vie de criminel, attiré par l’argent facile. Son ambition était d’amasser rapidement des richesses, poussé par un désir de sécurité financière. Il opérait toujours dans la solitude et son objectif premier était de s’emparer de bijoux et d’argent, car ces biens étaient non seulement précieux, mais aussi faciles à liquider. Cette voie l’a conduit à cibler les quartiers aisés et huppés. La remarquable capacité de Tomic à escalader les murs s’est avérée précieuse lorsqu’il s’est aventuré à s’introduire dans les étages supérieurs des immeubles, à dévaliser les maisons des gens et à s’emparer de tout ce qu’il estimait avoir de la valeur. Il est intéressant de noter qu’il a acquis une réputation de gentleman cambrioleur, n’ayant jamais recours à la violence ou aux menaces à l’encontre de ses victimes.
Peu à peu, Tomic a étendu son répertoire au vol d’œuvres d’art, et il s’est rapidement retrouvé à s’approprier des tableaux de valeur. En 1999, ses exploits criminels l’ont rattrapé et il a été arrêté. Il est toutefois relâché peu de temps après. Les médias français l’ont surnommé “Spiderman” et ont rapporté qu’il utilisait des arbalètes et des crochets pour pénétrer dans les appartements, où il a furtivement dérobé deux Renoir, un Derain, un Utrillo, un Braque et plusieurs autres œuvres d’art, alors que les propriétaires dormaient à poings fermés.
Collaboration avec Jean-Michel Corvez
En 2004, Tomic a rencontré Jean-Michel Corvez, un antiquaire spécialisé dans la revente d’œuvres d’art. Ils ont travaillé ensemble pendant plusieurs années et Tomic affirme avoir vendu à Corvez des objets de contrebande d’une valeur de 90 000 euros. Corvez a présenté à Tomic une liste d’œuvres d’art qu’il souhaitait acquérir, en offrant des récompenses substantielles pour leur acquisition. En étudiant les possibilités, ils ont réalisé que l’infiltration du Musée d’art moderne était un objectif réalisable, car l’alarme de sécurité à l’intérieur du bâtiment ne fonctionnait pas. Corvez exprime son désir d’acquérir le chef-d’œuvre de 1922 de Fernand Léger, “Nature morte au chandelier”.
Le vol du Musée d’art moderne
Vjeran Tomic a mis son plan à exécution, se frayant méticuleusement un chemin dans le musée. Après six jours de préparation minutieuse, notamment en se concentrant sur une fenêtre spécifique, il a réussi à s’introduire dans le musée le 20 mai 2010, dans la soirée. Il a pu décrocher le tableau de Fernand Léger du mur et a commencé à regarder la “Pastorale” de Matisse, une toile fauviste de 1905. Se souvenant de ce moment, Tomic a déclaré : “J’ai vu un paysage profond et vivant. Et le petit diable jouant de la flûte comme par magie, comme s’il était le gardien de cet environnement”. Il a décidé de l’enlever également. Ses yeux se sont portés sur la “Femme à l’éventail” de Modigliani et il l’a également enlevée.
Dans la brume dans laquelle Tomic travaillait, il a fini par prendre “Pigeon avec des petits pois” de Picasso et “L’Olivier près de l’Estaque” de Braque. Il allait presque prendre la “Femme aux yeux bleus” de Modigliani, mais quelque chose l’en a empêché. Il raconte : “Lorsque je suis allé la décrocher du mur, elle m’a dit :
“Si tu me prends, tu le regretteras toute ta vie”. Je n’oublierai jamais ce que cette “femme aux yeux bleus” m’a fait. Quand je l’ai touchée, pour la sortir de son cadre … la sensation a commencé instantanément – une peur qui m’a envahi comme un iceberg, une peur glaciale qui m’a fait fuir”.
Conséquences et arrestation
Le transport du tableau volé s’est avéré être une opération méticuleuse pour Tomic. Il lui a fallu deux voyages pour retirer l’œuvre du musée et la charger sur sa Renault, qui était discrètement garée le long de l’avenue de New York. Il réussit à partir sans encombre et échappe même à un contrôle de police, une part de chance dans cette audacieuse entreprise. Le lendemain matin, Tomic rencontre Corvez au quatrième niveau d’un parking souterrain de Bastille. La réaction de Corvez est mitigée, car il est quelque peu mécontent de découvrir non pas un, mais cinq tableaux volés.
Il accepte de prendre le Léger et le Modigliani, mais propose de stocker les trois autres tableaux au nom de Tomic. La nouvelle du vol avait déjà fait la une des journaux et était considérée comme le vol d’œuvres d’art le plus important depuis 1990. Corvez avait initialement promis à Tomic 50 000 euros pour chacun des tableaux volés, mais ne lui avait versé que 40 000 euros. Ce retard de paiement et cette déviation potentielle de leur accord ont éveillé les soupçons de Tomic.
Un témoin, qui faisait du skateboard dans le quartier, avait repéré Tomic à proximité du musée et en avait donné une description approximative à la police. Frustré par le fait que Corvez n’ait pas fourni le paiement promis, Tomic s’est retrouvé dans une situation désespérée de besoin d’argent. C’est ce qui l’a conduit à commettre un autre vol en mai 2011. Grâce à une information anonyme et à la description du témoin, la police est parvenue à appréhender Tomic. Il a rapidement avoué non seulement le vol pour lequel il venait d’être arrêté, mais aussi son implication dans le vol du Musée d’art moderne. Toutefois, il n’aurait pas révélé l’identité des complices qui auraient pu être impliqués avec lui.
Où se trouve Vjeran Tomic aujourd’hui ?
Le procès de Vjeran Tomic s’est ouvert le 30 janvier 2017 et s’est achevé rapidement, en deux jours. Il a été condamné à une lourde peine de huit ans de prison pour le vol de cinq tableaux d’une valeur de 100 millions d’euros. Ce n’était pas la première fois que Tomic avait affaire à la justice, puisqu’il avait déjà accumulé 14 condamnations liées à des vols de bijoux et d’objets d’art. Deux autres personnes, l’antiquaire Corvez et Yonathan Birn, un marchand d’horlogerie qui avait acheté le Modigliani à Corvez, ont également été jugés aux côtés de Tomic. Les conséquences juridiques pour le trio ont été sévères, Tomic devant s’acquitter d’une amende de 200 000 euros.
En outre, ils ont été collectivement condamnés à rembourser à la ville de Paris la valeur totale des tableaux volés, estimée à 104 millions d’euros. Birn prétend avoir détruit les tableaux volés et s’en être débarrassé, une déclaration accueillie avec scepticisme par l’accusation et les autorités chargées de l’application de la loi. Au cours de son procès, Tomic a exprimé ses remords pour ses actes criminels. Il a été détenu au centre de détention Les Vignettes. Il a rencontré Korine Opiola un jour avant le début de son procès.
Une relation unique s’est développée, qui l’a amenée à lui rendre visite chaque semaine à la prison. Leurs interactions ont favorisé l’émergence d’un lien profond, et ils ont fini par entamer une relation amoureuse. Tomic aspire désormais à une vie plus simple, à savourer les plaisirs de la nature et à profiter de son temps avec Korine, s’éloignant ainsi du monde du crime qui l’avait autrefois accaparé.