En compétition à la dernière Mostra de Venise et présenté en fanfare lors du récent Festival du Cinéma Américain de Deauville, Luc Besson semble faire un retour remarqué, du moins aux yeux de ses pairs. Cependant, la question qui se pose est de savoir si le public sera réceptif à son dernier film, DogMan.
Luc Besson, réalisateur français aux multiples facettes, a joué un rôle essentiel dans l’essor du cinéma français grâce à sa société de production EuropaCorp et à son école de cinéma. Cependant, il a également été confronté à des problèmes judiciaires qui ont terni son image. De plus, ses récentes réalisations, notamment le fiasco financier de “Valérian et la Cité des mille planètes”, semblaient avoir sonné le glas de sa carrière.
Pourtant, Luc Besson préparait en secret son retour avec “DogMan”, un film qui a surpris tout le monde. En effet, malgré les critiques et le désintérêt apparent de l’industrie cinématographique, il a réussi à obtenir trois nominations en compétition à la Mostra de Venise 2023, aux côtés de réalisateurs renommés tels que Roman Polanski et Woody Allen. De plus, “DogMan” a été présenté hors-compétition au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Le film suscite donc de nombreuses interrogations.
Loin des extravagances de ses précédentes productions, “DogMan” opte pour la simplicité. L’histoire tourne autour d’un homme, des chiens, et des latinos armés. Le scénario repose sur l’idée que si le chien est le meilleur ami de l’homme, il peut aussi devenir un gangster canin au service d’un homme transgenre meurtri. Cette histoire singulière semble être l’excuse parfaite pour que Luc Besson fasse son retour sur la scène cinématographique.
Dans “DogMan”, le ridicule ne tue pas, il mord. Le film est marqué par une surenchère constante, où chaque scène met en évidence les méchants de l’histoire. Luc Besson accuse tour à tour les pères, les femmes, les cartels et les agents d’assurance, créant ainsi un film qui redéfinit le mot “exagération”. Le personnage principal, Douglas, semble être persécuté de toutes parts, même par Dieu. Les seuls moments réconfortants viennent des hommes déguisés en femmes et des animaux à quatre pattes, ceux qui, comme Douglas, ont été rejetés par la société.
Luc Besson pousse les choses à l’extrême pour susciter de l’empathie envers son héros incompris, transformant involontairement le film en comédie. Le spectateur se retrouve à rire devant des scènes absurdes où un chien cuisine, recrée le casse d’Ocean’s Eleven ou prépare des pièges à la “Maman, j’ai raté l’avion”. Le film célèbre le mauvais goût de manière exagérée.
Le dernier acte du film atteint des sommets de mauvais goût qui flirtent avec le génie. Luc Besson se laisse aller à une surenchère totale avec une musique symphonique, une accumulation de cadavres et un agneau sacrificiel. Il expose ses propres excès de manière presque christique, se positionnant comme une figure messianique d’un cinéma qui ne semble plus compris par l’humanité, à l’exception de quelques rares élus et des chiens.
En fin de compte, “DogMan” est un film qui divise, tant par son extravagance que par son audace. Luc Besson semble vouloir marquer son retour de manière inoubliable, qu’on l’apprécie ou qu’on le critique. Le public sera-t-il prêt à suivre ce réalisateur dans son délire cinématographique, ou ce film marquera-t-il la fin définitive de sa carrière tumultueuse ? Seul l’avenir nous le dira.