Les amphibiens, ces créatures fascinantes et essentielles à nos écosystèmes, tels que les grenouilles, les crapauds et les salamandres, font face à une menace d’extinction de plus en plus pressante. Leur déclin, aussi alarmant qu’inquiétant, est principalement attribué aux changements climatiques et à la destruction progressive de leur habitat.
Une étude récente, parue dans la prestigieuse revue Nature, révèle que 41 % des espèces d’amphibiens à l’échelle mondiale, soit près de 2 900 espèces, sont aujourd’hui considérées comme “menacées au niveau mondial”. Cela signifie qu’elles sont catégorisées comme vulnérables, en danger, ou en danger critique d’extinction. C’est une hausse notable de 3 % depuis 1980, et la tendance ne montre aucun signe de ralentissement.
Les chercheurs, ayant analysé les données de l’IUCN, l’une des études les plus exhaustives en matière de santé des amphibiens, englobant plus de 8 000 espèces, confirment la position des scientifiques selon laquelle les amphibiens sont la classe de vertébrés la plus menacée sur notre planète.
Kelsey Neam, auteur principal de l’étude et membre du groupe environnemental Re:wild, souligne :
“Pour survivre face à l’évolution rapide du climat sur Terre, les amphibiens doivent s’adapter à ces changements ou migrer.”
Elle ajoute que, dans de nombreux cas, “les changements se produisent trop rapidement pour qu’ils puissent s’adapter, et la fragmentation de l’habitat crée des obstacles qui rendent les déplacements extrêmement difficiles.”
Une Menace à Double Tranchant
La peau perméable des amphibiens, bien que leur permettant de respirer aussi bien sur terre qu’en mer, les expose à la déshydratation lors de températures élevées et à l’absorption de polluants. Leur dépendance vis-à-vis des milieux aquatiques et terrestres les rend particulièrement vulnérables à la perte d’habitat et aux perturbations climatiques, telles que les tempêtes, inondations, sécheresses, changements d’humidité, variations de température, élévation du niveau de la mer et incendies.
Bien que le changement climatique soit un coupable évident, il n’est pas le seul en cause, bien qu’il intensifie certains des autres problèmes. L’agriculture, affectant plus des trois quarts des espèces concernées selon l’étude, demeure le principal facteur de destruction de l’habitat.
La chytridiomycose, une maladie cutanée qui se propage rapidement et interfère avec la respiration et l’hydratation des amphibiens, est également un facteur majeur de leur déclin. Les grenouilles, particulièrement affectées, voient les effets de cette maladie exacerbés par le changement climatique.
Patricia Burrowes, biologiste à l’université de Porto Rico et coauteure de l’étude, explique :
“Les changements climatiques modernes agissent en synergie avec les maladies et stressent les grenouilles, les rendant plus vulnérables à ces agents pathogènes.”
La gravité de la situation pousse même certains experts, tels qu’Adam Leaché, biologiste à l’université de Washington, à la nostalgie des “jours meilleurs où les espèces étaient présentes, et maintenant elles ne sont plus là.”